Débunkage de la « seydoux sphère » en coupe réglée.

Le film ADN « Arpenteurs du Néolithique » a engendré une certaine inquiétude au sein de certains milieux qui s’affichent comme les défenseurs de l’orthodoxie intellectuelle en matière d’histoire et archéologie. Les faits exposés dans le film sont si convaincants et irréfutables que plusieurs personnes se sont enlisées, tentant de remettre en question l’authenticité de l’alignement des quatre dolmens. Les arguments qu’ils avancent sont souvent faibles, parfois malhonnêtes, et facilement réfutables. Nous allons donc démontrer de manière claire et concise les failles de l’argumentation présentée par les sieurs Seydoux, Chaigneau et autres courageux youtubeurs masqués.

Commençons par les propos de Seydoux et Chaigneau

L’argument des « cistes » qui ne sont pas des dolmens

Seydoux et Chaigneaux annoncent qu’au sein des quatre dolmens de l’alignement, il existe deux cistes, un dolmen et une allée couverte. Ils cherchent donc à se rassurer péniblement en affirmant qu’il ne s’agit pas de quatre dolmens alignés, mais plutôt de deux cistes, tandis que le dernier est une allée couverte.

Cet argument n’a finalement aucune valeur. En effet, si l’on se réfère à l’inventaire de Philippe Gouézin 2022, celui-ci a classé les dolmens en deux grandes catégories : les dolmens trapus et les dolmens allongés. Il convient de préciser qu’une ciste n’est rien d’autre qu’un petit dolmen, tel qu’il est probable qu’il n’y avait qu’un corps à l’intérieur. De même, une allée couverte représente simplement un dolmen en forme de couloir. On pourrait établir un parallèle avec les chapelles, les églises, les abbatiales ou les basiliques, ces monuments étant tous issus d’une même culture. Les messieurs Seydoux et Chaigneau se trouvent englués dans des discussions marginales sur des points sans fondement, compte tenu de l’inventaire de Philippe Gouézin ou de la plateforme ouverte du patrimoine. Il est à noter que, dans le Morbihan, une seule ciste est répertoriée dans cette base de données. Bien que certaines personnes puissent effectuer des classifications sophistiquées, cela ne modifie en rien notre problématique. Cette démarche s’apparente à une archéologie descriptive qui, par excès, se complique en circonvolutions et interprétations. Si tous ces spécialistes s’accordent à affirmer qu’il s’agit de sépultures, pourquoi ne stipulent-ils pas également l’existence d’un alignement de quatre sépultures mégalithiques ? Tout simplement parce qu’ils ne parviennent pas à reconnaître et à admettre que ces quatre dolmens (sépultures) sont disposés selon une logique indéniable.

Seulement UNE ciste référencée dans la plateforme ouverte du Morbihan, et elle ne fait pas partie de notre alignement.

L’argument de la chronologie

Pour se rassurer, nos deux « experts » expliquent que la construction des dolmens concernés s’étale peut-être sur 1500 ans. En fait, ils n’en savent rien précisément, car aucune datation précise au carbone 14 de chacun de ces monuments n’a été faite, mais ils se basent sur des datations éparses d’autres monuments qui suggèrent que les allées couvertes sont plus tardives, par exemple (-3500 à -2500), sans avoir vérifié exactement celle de Mané Roullarde. Et les dolmens classiques seraient de -4800 à -3500.

L’idée pour eux est de dire, que comme ces monuments ne sont pas de la même période, ils ne peuvent donc pas être alignés.

En outre, cet argument n’a aucune valeur non plus. Tout au long de l’histoire de l’humanité, les humains ont construit en fonction de l’existant, reprenant si nécessaire des alignements déjà existants, ou en créant d’autres à partir de l’existant. Nous avons montré par exemple que le nouveau musée du Caire est rigoureusement aligné sur les 3 pyramides du plateau de Gizeh. Et pourtant ces monuments, séparés d’environ 5000 ans, ne sont pas de la même période du tout, et encore moins de la même culture. Quid encore des menhirs alignés à Carnac, ces derniers ne se sont probablement pas faits en une génération. Idem à Locmariaquer, le Grand Menhir Brisé d’Er Grah a été érigé vers 4700 avant J.-C., et le tumulus d’Er Grah a été complété aux alentours de 3300 avant J.-C., montrant une activité mégalithique continue sur une longue période. Les exemples sont sans fin, même si l’on regarde le grand axe historique de Paris on remarque une volonté de bâtisseurs non contemporains de construire en respectant un alignement pendant au moins 4 siècles de monuments radicalement différents (Arche de la défense, Arc de Triomphe, Obélisque de Louxor, Les Tuileries.)

Il s’agit là encore d’un argument à la marge dont la valeur est nulle et non avenante dans notre cas de figure, et d’autant plus que, dans la réalité, nous n’avons aucune datation scientifique permettant de dire que la construction de ces quatre monuments-là s’est vraiment étalée sur près de 1500 ans. Et même si cela était le cas, la précision de l’alignement et sa logique mathématico-géométrique démontrent qu’il y a eu une volonté d’occuper l’espace ainsi.

D’ailleurs, si 1000 ans plus tard un peuple de géomètres repère le début d’un alignement de 4 dolmens de leurs ancêtres, et dont les distances les séparant sont 1000, 2000, 4000 mètres. À votre avis, à quelle distance vont-ils placer le 5ème dolmen ? 8000 mètres est la première et plus évidente réponse. On double la distance à chaque fois. Avec nos 3 premiers dolmens séparés de 781,7 m et 2472 m, la logique est donc de reproduire le rapport entre ces 3 points : 2472/781,7 = 3,162 = √10. Donc on place la 4ème à 2472 x √10 = 7817 m. On pourrait aussi n’avoir que les dolmens 1, 3 et 4 et déduire le point 2 en faisant l’opération inverse. Ce jeu de suite numérique est simple, intuitif et universel. On utilise d’ailleurs ce genre d’exercice dans les tests de Quotient Intellectuel (QI).


Chaigneau et la liste des dolmens

Dans un commentaire en roue libre, Cyrille Chaigneau prétend qu’il y aurait 5 fois plus de dolmens que les 37 que j’ai comptés. L’objectif est ici clairement de tenter de faire baisser les probabilités que nous avons calculées d’avoir un alignement de 4 points parmi 37. Or, il n’en est rien, Chaigneau ignore que nous avons téléchargé plusieurs bases de données issues de la plateforme ouverte du patrimoine, de l’atlas du Patrimoine, de Wikipédia, mais aussi un inventaire de l’archéologue Philippe Gouézin (2022). Ce dernier dresse une liste de tous les dolmens en bon état, ruinés ou détruits, tout en donnant leur localisation en coordonnées Lambert 2.

Combien y a-t-il de dolmens (cistes ou allées couvertes) dans le département du Morbihan d’après la Plateforme ouverte du patrimoine qui tient compte de la base Mérimée des monuments historiques ?

1 ciste, 31 allées couvertes et 143 dolmens, soit environ 175 dolmens référencés dans le Morbihan. Or, le Morbihan, c’est 6 800 km², contre 48 pour la zone qui nous concerne. Il n’est pas très crédible d’annoncer 185 monuments comme le suggère M. Chaigneau, à moins qu’il dispose de données que nous n’avons pas, auquel cas il ne les a pas publiées malgré notre demande.

Un de ses apôtres lui répond en commentaire avoir compté 114 sur une carte de Christian Obeltz, soit 4 fois plus que les 37 annoncés. Diantre, il me semble déjà que 37 x 3 = 111. Il va falloir reprendre les mathématiques élémentaires.

Passons cette erreur de précipitation pardonnable. En revanche, ce qu’il faut bien savoir, c’est que dans la zone concernée, il y a des dolmens en bon état que l’on peut localiser avec une précision de l’ordre de 1 à 4 mètres, des dolmens ruinés dont il ne reste que 1 ou 2 pierres et qui sont donc mal localisables car les pierres peuvent avoir été déplacées, et dont la localisation est de l’ordre de 5 à 10 m, et des dolmens détruits qui ont disparu et dont l’emplacement est très approximatif, de l’ordre de 10 à 50 m. Or, nous ne pouvons pas, dans le cadre d’une étude statistique précise, intégrer des monuments dont la localisation est supérieure à l’erreur d’alignement. Il y a aussi quelques dolmens déplacés, comme ceux de Kenerhvé ou de Carnac Plage, qui furent reconstitués sur une petite place pour le plaisir des touristes. Nous ne pouvons donc pas inclure les dolmens ayant disparu et très difficilement ceux qui sont ruinés et mal localisé dans les bases de données.

Au final, dans l’inventaire concernant les communes de Plouharnel, Carnac, La Trinité-sur-Mer et Erdeven, 137 dolmens sont référencés par Philippe Gouézin. Parmi ceux-ci, 56 ont disparu et leur localisation est de l’ordre de plusieurs dizaines de mètres, 32 sont à l’état de ruine, parfois invisibles sous la végétation, et leur localisation est approximative à plus ou moins 10 m. Finalement, il reste moins de 49 dolmens qui existent toujours et qui sont très bien localisés. Parmi les 49 restants, 10 ne sont pas dans la zone concernée par l’alignement. Et quelques-uns sont des dolmens doubles ou triples et ne peuvent compter que pour un site à la fois.

Dolmens non ruinés, non disparus issue de la base de donnée de Philippe Gouézin 2022 pour les communes de Plouharnel, Carnac, La Trinité sur Mer et Erdeven.

Et même en supposant qu’il y ait 114 dolmens, il y aurait toujours une chance sur environ 400 que 4 dolmens sur 114 soient alignés par hasard avec une précision de 4 mètres et une chance sur 133 avec une précision de 7,2 mètres. En tenant compte des distances séparant ces dolmens en suivant une suite mathématique de ces 4 dolmens, il y aurait encore une chance sur plus de 5 millions que cela se produise par hasard.

Pour conclure sur le commentaire assez lunaire de Cyrille Chaigneau, il faut se rappeler que ce dernier fut vexé il y a quelque temps car j’avais mis en évidence qu’il avait menti à propos de la soi-disant sépulture d’un roi qui aurait été trouvée dans le Tumulus Saint Michel. Dans un documentaire à destination du grand public, il affirmait face caméra que René Galles avait découvert un corps allongé avec ses objets d’apparat et d’offrande. Il s’appuyait pour cela sur un vieux document de 1862 de la société Polymathique du Morbihan faisant état du rapport de fouille de René Galles. Toutefois, dans ce document, les collègues de René Galles réfutèrent avec un certain brio l’hypothèse au regard de ce qui fut trouvé à l’intérieur. L’image ci-dessous montre le texte que visiblement Cyrille Chaigneau a volontairement ignoré.

Il est surprenant de constater que M. Chaigneau rédige des commentaires d’un niveau équivalent à ceux d’une cour d’école, alors qu’il est censé occuper le poste de médiateur scientifique au musée de la préhistoire à Carnac.


Alex y Sait Tout  » les c…, cela ose tout, c’est à cela qu’on les reconnait ».

Voici un commentaire magistral du sieur Seydoux. Alors même que nous avons débunké ces mensonges à propos de Google Earth il continue de mentir ouvertement. Je vous invite à lire notre article à propos de ces mensonges hallucinants sur la précision de Google Earth. De plus, il n’a pas du bien suivre le film ADN, car nous avons vérifié les coordonnées GPS des dolmens avec un GPS centimétrique. Du grand Alex Y Sait Tout !

Ensuite, il répand sa science à géométrie variable visant à ergoter à la marge, en affirmant que « les probabilités ne servent pas à déterminer l’intentionnalité d’un événement, mais à en calculer l’espérance. » Cette phrase incomplète d’un point de vue strictement mathématique n’a pas de valeur justificative. Le gars joue l’expert en probabilité, mais n’a même vérifier si l’alignement des sanisettes n’était pas bidonné.

Si l’on parle simplement de probabilité d’un événement, elle représente la proportion de fois où cet événement est censé se produire sur un grand nombre de répétitions. « C’est-à-dire la chance qu’il se produise ». (1 chance sur 8000 pour notre alignement et 1 chance sur 10 millions pour l’alignement et les distances.) On pourrait dire que la probabilité d’un événement mesure la fréquence attendue de sa survenue sur un grand nombre de répétitions et que la probabilité quantifie le degré de certitude ou d’incertitude lié à un événement.

Mais, lorsque l’objet soumis au test est une construction humaine, dès lors, si les probabilités montrent qu’il y a une chance sur 1 million que la pyramide présente une base carrée par hasard au regard de la précision des 4 côtés, alors on peut dire que l’intention de l’architecte était de faire une base carrée pour la pyramide. De même, la disposition des 3 pyramides qui s’apparentent au baudrier de la constellation d’Orion avec précision au regard de la mythologie égyptienne suggère aussi une intentionnalité. Des scientifiques ont d’ailleurs testé cette hypothèse de la constellation d’Orion d’un point de vue statistique.

Or, en ce qui concerne les mégalithes du Morbihan, il ne fait aucun doute que les concepteurs avaient une certaine fascination pour les alignements, et cela sur plusieurs kilomètres. Il suffit de voir les différents alignements de menhirs. Il est donc tout à fait recevable, au regard des probabilités et de la présence de ces alignements de menhirs, de dire que les concepteurs ont aussi aligné intentionnellement les dolmens.

Les alignements biaisés de sanisettes.

Dans cette partie, nous allons débunker une vidéo réalisée par l’ancien animateur de la chaîne Passé Recomposé qui masque son identité derrière des pseudos tels que Pierre Ratbb ou Gollum Illuminati. Ce n’est pas la première fois que nous débunkons les pseudo-démonstrations de ce youtubeur adorateur de Jean-Pierre Adam. Vous trouverez ici, ou là, et encore là quelques-unes de nos vidéos où nous mettons en évidence les biais et omissions de ce zorro du fact-checking.

Il est donc question selon ce personnage d’un alignement de 6 sanisettes dans les rues de Paris qui prouverait, selon lui, que l’alignement des 4 dolmens n’a aucune valeur. Mais sa démonstration est truffée de manipulations et de biais dont il avait probablement connaissance, et si ce n’est le cas, cela illustrerait une certaine lacune de réflexion. Dans son calcul de probabilité, il compte 46 sanisettes, une ligne de 4 mètres de large passant par les 6 sanisettes sur 4108 mètres. Il en déduit grâce à l’outil que nous avons développé une chance sur plus de 3 millions pour que cela se produise.

D’un point de vue purement mathématico-géométrique, ce calcul de probabilité est exact, car l’outil que nous avons développé est fiable. Mais il nécessite certaines conditions qui sont mentionnées dans la notices et que l’on doit adapter selon le contexte.

Voici la liste des biais du plus petit au plus grave

Biais numéro 1 : Les sanisettes 5 et 6 sont dans le prolongement de l’alignement dans une même rue. Cela peut ne pas être pertinent, car dans une même rue en ligne droite, les poteaux électriques sont nécessairement alignés. On pourrait donc ne compter raisonnablement que 5 sanisettes et non 6. D’un point de vue probabiliste, cela nous fait passer de 1 chance sur 3 200 000 à 1 chance sur 27 000.

Biais numéro 2 : Le nombre de sanisettes n’est pas de 46 mais 79 si l’on considère 6 sanisettes en ligne ou 57 si l’on considère 5 sanisettes. Comment se fait-il que ce dernier n’en ait compté que 46 ? Est-ce une erreur, ou bien n’a-t-il pas trouvé le fichier KMZ fourni par la ville de Paris ici ? D’un point de vue probabiliste, 5 points alignés sur 3560 parmi 57 à 4 mètres près, cela nous fait passer de 1 chance sur 27000 à 1 chance sur 14000.

Biais numéro 3 : l’auteur considère d’après une carte qu’il a trouvée que ces 6 sanisettes ne sont pas reliées par un système d’égout souterrain en ligne droite qui expliquerait l’alignement. Or, la carte qu’il présente est incomplète. Il y a 2600 km d’égouts dans Paris, de toute taille, avec des canalisations allant de quelques dizaines de cm à plus de 10 m. Aucune carte n’est disponible avec l’intégralité de ce réseau à ma connaissance. En revanche, les cartes montrent clairement le collecteur Pascal qui est situé à quelques dizaines de mètres et parallèle aux sanisettes 3, 4, et 5 de la ligne. De plus, la ligne se dirige en direction d’une pompe de relevage passant sous la Seine pour évacuer les eaux vers les usines de traitement plus à l’est. Il semble évident que des canalisations déterminent la position de ces sanisettes. Sans compter que l’auteur ne parle que des canalisations d’évacuation des eaux usées, alors qu’il faut aussi intégrer le réseau d’eau potable qui est présent dans toutes les sanisettes. Bref, de toute évidence, ce sont des critères d’urbanisme qui déterminent la position de ces 6 sanisettes miraculeusement alignées. De fait, les 3 dernières sanisettes sur les 5 peuvent ne pas être comptées comme un seul et même système nécessairement aligné. D’un point de vue probabiliste, 3 points alignés sur 3560 parmi 57 à 4 mètres près cela nous fait passer de 1 chance sur 14000 à 1 chance sur 17.

Biais numéro 4 : L’auteur néglige le fait que, dans la surface concernée par l’étude statistique, les sanisettes ne peuvent se trouver que sur des trottoirs. Et oui, on ne peut pas mettre les sanisettes sur les toits, au milieu de la route, dans une cour privée… etc. La surface réellement disponible pour implanter ces sanisettes ne représente que 5 à 10 % tout au plus de la surface du cercle dans lequel se trouvent ces 6 sanisettes en ligne. Ceci implique de modifier le critère de précision de la ligne d’un facteur 10 à 20. Ce qui, en termes de probabilité, fait passer la probabilité d’avoir 6 points alignés sur une distance de 4108 mètres parmi 79 points, avec une précision de 4 mètres, de 1 chance sur 3 200 000 à 1 chance sur 12.

Bilan, l’alignement des sanisettes est facilement explicable par des facteurs d’urbanisme et ne constitue pas une preuve de la non validité de l’alignement des 4 dolmens dont les positions ne sont pas déterminés par des critères géographique stricte. L’auteur de cette vidéo à volontairement tenté de trompé son auditoire avec un exemple biaisé comme il le fait régulièrement.

Les relations métrologiques « non significatives » P-value >0,05

Mais l’auteur va encore plus loin dans l’illusionnisme statistique en tentant de faire ressortir des relations métrologiques similaires à ce que nous avons découvert dans le film ADN. Mais nous allons le voir, aucun de ces exemples n’est valide. Car contrairement à ce que beaucoup d’adorateurs de Jean-Pierre Adam racontent, on ne fait pas ce que l’on veut avec les nombres. Essayez de jouer à « des chiffres et des lettres », et je vous donne le nombre 33 et le nombre 7. Essayez de construire le nombre d’or à 1 % près. Vous ne pourrez pas, car il n’y a pas assez de nombres dans votre échantillon. Par contre, si je vous donne 33, 7, 12, 9, 17, cela est possible : 33 / 7 / 17 + 12 / 9 = 1,61.

En effet, avec 5 nombres et 4 opérations mathématiques, je peux créer 30 720 nombres, alors qu’avec 2 nombres je ne peux en créer que 8. On comprend tout de suite ce que cela implique.

Ainsi l’auteur de cette vidéo canular pense avoir trouvé le pied romain, le yard de Barabar et la coudée royale dans son alignement. Mais là encore, il néglige les critères statistiques et probabilistes. Avec 6 sanisettes sur une ligne, il dispose de 15 mesures possibles entre tous ces points, tandis qu’avec 4 dolmens, nous n’avons que 6 mesures possibles. Ainsi, si nous cherchons entre toutes ces mesures un rapport en nombre entier de 2 à 10 ou avec une racine carrée allant de √2 à √10, les tests statistiques montrent que son échantillon ne permet pas de trouver des relations significatives en nombre entier et ou racines carrées.

A l’inverse, avec l’alignement des 4 dolmens, les combinaisons des distances permettent de faire apparaître 3 fois √10 et une fois un rapport de 1/10ème, soit 4 relations avec une précision de 99,9 %. La valeur de P-value est de 0,0001, ce qui montre que le hasard est peu probable. Alors qu’avec l’alignement des 6 sanisettes, on ne trouve que 3 relations, mais le hasard en fournit autant, et la P-value est de 0,4 et est donc non significative.


La coudée royale ? Vraiment ?

L’auteur de la vidéo, tente ensuite de montrer qu’il trouver la coudée royale en divisant la longueur de l’alignement par le nombre PI.

Pourquoi fait-il cela ? Parce que dans le film Arpenteurs du Néolithique, nous constatons que la longueur de l’alignement est le périmètre d’un cercle de 3000 yards mégalithiques. Cette procédure est logique dans le cas des mégalithes, car les découvertes du Professeur Thom ont démontré que les peuples mégalithiques utilisaient de manière redondante une mesure en nombre entier sur les diamètres ou les périmètres des cercles de pierre. De fait, le constat que nous faisons n’est que le prolongement d’une procédure connue chez ces bâtisseurs. Ce qui n’est pas le cas dans l’exemple des Sanisettes, personne n’a jamais démontré que les distances qui les relient répondent à un système métrologique précis. En outre, la précision du calcul de notre youtubeur masqué est de 99,9 %, tandis qu’elle est de 99,99 % en appliquant la même procédure dans le cadre de notre alignement de 4 dolmens. La différence de précision est de l’ordre d’un facteur 10. Ce qui, en termes probabilistes, peut ne pas être du tout comparable.


12000 pieds romains ? Vraiment ?

Pour parvenir à ses fins, l’auteur va même jusqu’à créer un point arbitraire au milieu de la ligne ; ce faisant, il introduit un 7ème point, lui permettant de disposer de 21 nombres à combiner pour tenter de trouver des valeurs métrologiques. Il y trouve ainsi 1000 yards de Barabar à 99,9 % de précision ou 12000 pieds romains avec la même précision.

Mais est-ce statistiquement défendable ? La réponse est non, car les distances entre les sanisettes sont partiellement déterminées par des critères visant à ne pas les implanter trop près ou trop loin les unes des autres. L’objectif du plan d’urbanisme est de donner une répartition la plus homogène possible pour les sanisettes. Quelle est cette distance ? On en trouve par exemple 7 sur 57 entre 336 et 365 m, pour une moyenne de 353 m.

On trouve un grand nombre de distances minimale entre les sanisettes comprise entre 300 et 400 mètres. Ainsi, les distances vont être conditionnées à cet intervalle de mesure. Ce critère va de facto faire émerger des mesures plus redondantes qu’une distribution aléatoire. Il est donc très difficile d’établir un outil permettant de détecter un système métrologique qui sous-tendrait l’implantation.

Par exemple, la mesure de 1200 pieds romains donne environ 356 mètres. Or cela correspond à une distance moyenne redondante entre les sanisettes. On trouvera donc assez facilement le pied romain dans l’échantillon ou tout autre pieds compris entre 28 cm et 35 cm. Y voir le pied romain est donc totalement fortuit ici, car nous savons que le critère de distance est dicté par un souci d’homogénéité et de distance tolérable entre deux sanisettes.

A l’inverse pour les dolmens de la zone étudiée, il n’y a pas de critères théoriques de répartition des monuments. Les dolmens ne sont pas reliés par des routes, des systèmes hydrauliques, des lignes électriques. Tout au plus nous constatons qu’ils sont dans les zones les plus hautes, mais cela est parfois totalement imperceptible lorsque nous sommes sur place. Tout indique que la distribution est aléatoire au premier abord. Ainsi, les recherches menées depuis le professeur Thom jusqu’à nous montrent que des critères métrologiques, astronomiques et géométriques déterminent ces implantations.

Pour en terminer avec la métrologie des sanisettes, nous avons extrait toutes les distances à partir du fichier KMZ de la ville de Paris pour les 57 sanisettes concernées par la zone de l’alignement. Ce qui nous permet d’étudier 1 596 mesures et de les passer à la moulinette. Nous avons fait tourner un programme de détection des mesures qui sont des multiples en nombre entier. Nous l’avons réglé pour chercher des mesures comprises entre 25 et 60 mètres à 0,1 m de précision, qui sont des multiples en nombre entier à 0,01 unité près (1/100ème). Le bilan est le suivant : on y trouve évidemment une mesure de 35,3 mètres qui correspond au dixième de la distance moyenne la plus redondante entre les sanisettes. Toutes les autres mesures sont aussi liées aux distances raisonnables entre deux sanisettes (ni trop près, ni trop loin). En cherchant une mesure redondante au 1/1000ème, le résultat est du même ordre. Bref, il n’y a rien qui soit en lien direct avec la métrologie antique, et tout ce que l’on peut affirmer c’est que le plan d’urbanisme fait en sorte de séparer les sanisettes de 250 à 450 m maximum.


Conclusion

L’argumentation visant à remettre en cause les faits exposés dans le documentaire ADN s’avère non seulement contestable, mais aisément réfutable. En scrutant ces critiques, il devient manifeste que leur objectif principal n’est pas d’apporter une réflexion constructive, mais bien de fabriquer l’illusion que le hasard est la seule explication envisageable.

En analysant ces démarches, nous avons mis en lumière de nombreux biais de raisonnement, souvent flagrants et récurrents, qui semblent plus être des stratagèmes rhétoriques qu’une authentique démarche scientifique. Il ne s’agit pas d’une critique bienveillante, curieuse et ouverte au débat, mais plutôt d’une levée de boucliers orchestrée par ce que l’on pourrait appeler un « clergé scientifique », composé à la fois de sceptiques sous pseudonymes et de chercheurs plus soucieux de préserver un paradigme que de l’interroger.

Nous sommes donc en présence non pas d’une science à l’œuvre, mais d’une forme de croyance, où la remise en question semble perçue comme un péril existentiel plutôt que comme un moteur du savoir. Pour ces gardiens de l’orthodoxie, l’important n’est pas d’explorer, mais de maintenir l’ordre établi, au point d’inciter tout un chacun à adopter leur vision dogmatique. Leur position sur les mégalithes pourrait se résumer ainsi :

« Circulez, mesdames et messieurs, les dolmens ne sont que de simples tombeaux érigés en l’honneur de chefs tribaux, l’affaire est entendue, inutile de poser d’autres questions. »

Prenons l’exemple de Cyrille Chaigneau, médiateur scientifique au Musée de la Préhistoire à Carnac. Face aux faits présentés dans le film Arpenteurs du Néolithique, sa seule réaction se résume à une déclaration laconique : « navrant ». Curieusement, ce jugement lapidaire n’est accompagné d’aucun argument tangible. Nous avons pourtant mis en évidence les incohérences de sa classification des dolmens, ainsi que les erreurs factuelles concernant leur nombre. Pourtant, il semble qu’il ne lui reste que ce mot, « navrant ».

Mais une question se pose : « Navrant » constitue-t-il un argument scientifique valable ?

La démarche scientifique n’est-elle pas censée s’appuyer sur des faits vérifiables plutôt que sur des jugements subjectifs ? Plutôt que de condamner un travail d’investigation, ne vaudrait-il pas mieux proposer une réponse documentée, à la hauteur du débat ?

Ainsi, nous persistons à penser que la science avance non pas en figeant les connaissances, mais en les soumettant à l’analyse critique et à l’expérimentation. Une posture rigoureuse exige de confronter des hypothèses et non de les déclarer caducs d’un revers de main. Car en définitive, si la science se borne à dire « circulez, il n’y a rien à voir », alors ce n’est plus de la science, mais du dogmatisme.

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